Les courges d’hiver
Un peu de linguistique, et
d’histoire : le mot « courge
»
dérive du latin cucurbita, qui a donné aussi en
français le mot « gourde ». «
Courge »
et « gourde » sont en fait des doublets, apparus
vers le
XIVe siècle et qui se sont spécialisés
tardivement. En effet les Anciens ne connaissaient pas nos courges
introduites en Europe après les voyages de Christophe Colomb
en
Amérique, mais ils connaissaient depuis très
longtemps
les gourdes (ou calebasses). Colomb nous a donc ramené la
courge. Et a séparé pour toujours la gourde et la
courge…
La courge est le fruit d’une
plante potagère
annuelle
apparentée au melon et au concombre (une
cucurbitacée,
donc) et qui pousse de façon identique. Sur le plan
botanique on
distingue principalement parmi les courges les plus
fréquemment
cultivées en Europe, les trois espèces suivantes,
que
l’on peut distinguer, lorsqu’on ne dispose que du
fruit,
aux caractères du pédoncule :
Cucurbita pepo :
la
courgette et la
citrouille, le pédoncule est marqué par des
côtes,
au moins cinq, et ne s’élargit pas au point
d’insertion ; À Cucurbita pepo, qui est de loin
l’espèce la plus répandue, on peut
rattacher toutes
les variétés de courgettes, ainsi que parmi les
courges :
- la citrouille de Touraine,
utilisée pour nourrir le
bétail,
- les pâtissons,
- le « spaghetti
végétal » (Les courges spaghettis les
plus
réputées étant les Sweet Dumpling et
la Reine de
la table),
- la courge sucrière du
Brésil,
- la melonnette
jaspée de Vendée et la
célèbre Jack’O
Lantern que l’on creusera et découpera pour
Halloween...
Cucurbita
maxima :le potiron, le
pédoncule est arrondi, sans
côtes marquées ;
À Cucurbita maxima se
rattachent :
- les potirons (rouge vif
d’Étampes, jaune gros de Paris, bleu de Hongrie,
vert olive, etc.),
- les courges de
Hubbard, de Hokkaïdo ou potimarrons, en forme de poire,
- la courge « Marina de Chioggia »,
- le giraumon galeux
d’Eysines, le Giraumon ou « turban turc »
bariolé,
- la courge de
Hubbard, les courges « Buttercup »,
- et bien d’autres, dont la
variété «
Atlantic giant
» qui détient le record du monde en taille avec
plus de
300 kg.
Cucurbita
moschata :la courge
musquée, le pédoncule est
marqué par des côtes, comme
celui de C. pepo, mais s’élargit
nettementà la base
;
Enfin, à Cucurbita
moschata se rattachent :
- la courge musquée de Provence,
- la sucrine du Berry,
- la courge longue de Nice,
- la courge « butternut », etc.
On peut aussi
signaler également
Cucurbita ficifolia,
espèce qui ne
comprend qu’une variété, la courge de
Siam, qui
ressemble
plutôt à une pastèque
et a, comme celle-ci, des graines noires.
Les courges appartiennent
donc à plusieurs espèces botaniques appartenant
au genre
Cucurbita et dotées
d’une étonnante variabilité
génétique, qui se
traduit par d’innombrables formes et couleurs, et aussi une
grande
diversité de tailles. D’autres exemples ?
Qu’à cela
ne tienne : connaissez-vous la
courge torticolis (parce qu’elle donne l’impression
de
posséder un cou –
rayée verte et jaune) ? la
courge buttercup ? la courge turban (qui donne l’impression
d’être une réunion de deux courges,
greffées
l’une
à l’autre), la courge poivrée
(diteaussi courgeron)
au goût de
noisette et de… poivre, la
courge hubbard, de forme ovale (ballon de rugby) ? le potiron bleu de
Hongrie ? le blanc de Mayet, le noir du
Brésil, celui du Chili, celui d’Alençon
(a priori moins exotique, et pourtant…)? Le potiron vert
olive ?
Le potiron vert de
Hokkaïdo (à ne pas confondre avec le potiron doux
de
Hokkaïdo, autrement
appelé… potimarron), la
courge Marina du Chioggia, la courge de
l’Ohio, le giraumon turban (ou bonnet turc), le giraumon
galeux
d’Eysines, le turban petit de Chine,
le turban du Natal, le potiron baleine, ouff ff ff … les
connaissez-vous ? - et je ne vous parle là quasiment que des
potirons…
Bref,
il existe,
vous le voyez, une très grande variété
de courges
; pour s’y retrouver – une fois ce petit cours de
botanique
exécuté -
nous les classerons, quant
à nous, en… deux catégories : les
courges
d’été et les courges d’hiver.
Cette division
est basée sur le fait que
les courges d’été se conservent peu de
temps,
tandis
que les courges d’hiver
se conservent une bonne partie de la saison hivernale, si les
conditions
d’entreposage sont favorables
- à température ambiante, dans un endroit ni sec
ni
humide : un
appartement c’est pas
trop mal. En fait, les courges d’hiver se conservent entre 1
semaine et 6 mois (selon
les variétés) si
elles sont à l’abri : du froid, de la chaleur, de
la
lumière. Le froid les
endommage et la chaleur provoque
une transformation trop rapide de leur amidon.
L’idéal est
une température de
10 à 15°C, un taux d’humidité
de 60% et une
pièce bien aérée.
Il faut laisser le morceau de tige qui reliait les courges à
la
plante et
enlever toute trace de terre. Une
fois coupée, la courge doit être
réfrigérée. La
courge d’hiver se congèle bien, surtout cuiteset
réduites en
purée.
La
courge d’hiver contient beaucoup d’eau (plus
de 90%), est riche en
bêta-carotène, en vitamines A et C, en potassium
et en fi
bres ; est diurétique et
laxative, peu calorique, ne recélant que peu de
protéines
(1,3 %) et
seulement 6% de glucides, mais
riche en oligo-éléments (potassium mais pas
seulement)
– un vrai
trésor alimentaire, quoi !
Les
courges d’été, dont nous ferons un topo
le temps
venu comprend
essentiellement les courgettes et
les pâtissons.
Les
courges
d’hiver sont récoltées à
pleine
maturité. Elles sont de
forme, de grosseur, de couleur et
de saveur diverses. Leur chair orangée est plus
sèche,
plus fi breuse
et beaucoup plus sucrée que
celle des courges d’été ; elle devient
moelleuse
à la cuisson. Leur peau
est épaisse, dure et non comestible.
Cette peau diffi cile à percer les protège
efficacement
durant une longue
période. Nous avons
pour l’instant, retrouvé dans nos paniers : deux
variétés de potiron et la butternut. Des courges
d’hiver, la
courge musquée, la citrouille
et le potiron sont les plus connus :
La
citrouille et le
potiron (peau
lisse et dure, souvent
orangée, parfois jaune ou verte pour le potiron) sont
souvent
confondus, car ils se
ressemblent beaucoup ; même les dictionnaires (même
les
maraîchers, paraît-il y perdent leur ??...) ne
s’entendent pas sur leur description. Ce sont des courges
volumineuses (peuvent peser jusqu’à
50
kg, et mesurer plus 1,70 m de circonférence), et on les
reconnaît,
comme je le disais plus haut à quoi ?
(c’est pour voir ceux qui suivent) : à leur
pédoncule !! (je vous épargne les
détails, un peu fastidieux). Elles
se distinguent des autres courges par leur chair un
peu plus épaisse (jaune orangé),
sèche et sucrée, et leur saveur un peu plus
prononcée. Le
potimarron est une variété de potiron – il
doit
son nom à la « courge marron », qui a donné
potiron
marron, puis potimarron, et sa saveur rappelle
à la fois celle de la châtaigne et celle du potiron. La
courge d’Etampes, dite aussi « rouge vif
d’Etampes », qui est une
variété (classique) du potiron, et le plus
répandu des potirons (vous connaissez,
celui-là, on l’a eu !),
c’est, pour
reprendre l’expression passionnée de
Patrick & Caroline, la « reine des
courges
». De couleur crème et de chair orangée,
ayant la forme d’une grosse poire, la butternut (on dit
aussi
butternut squash) tient son nom du goût
beurré qui caractérise sa chair cuite (n’est-ce pas?).
La courge
spaghetti,
délicieuse, de couleur crème
ou
jaunâtre, à la chair jaunâtre, la chair se mange
crue
râpée. Cuite, elle ressemble à du
spaghetti avec une texture semblable au vermicelle.
(pas eu, encore…) Leur chair pourtant se
travaille souvent de la même
façon
– d’une recette à l’autre, les
courges sont quasi
interchangeables (que les puristes m’absolvent par avance).
D’un point de vue saveur, on
trouve principalement des arômes de
fruits
secs. Leur chair rappelle celle des
châtaignes. Elles se consomment de toutes sortes de
façons. De la soupe au gratin, en passant par les tartes,
mais aussi comme des pâtes. S’accordent
à
la courge d’hiver : la pomme de terre ; la pomme et les oignons
doux ; le citron ou l’orange, le
miel
(en dessert notamment). L’important est de bien
l’assaisonner – sa chair étant douce (parfois un peu
fade
même – je ne parle pas pour la butternut bien
entendu…) : vous pouvez la relever de gingembre
(en compote ou en soupe avec des pommes, dans les
deux cas) ; parfumez-la de graines
d’anis
vert, broyées pour mieux libérer leur arôme ; de
cerfeuil ou de persil (revenu sauté avec de l’ail),
de
noix de muscade (en velouté cuit dans du lait,
mixé,
puis poivré) ; en purée : mélangez-la avec une
purée
de céleri-rave ; servez-la avec un rôti de
veau, ou
du cochon, en grillades – côtelettes de porc ou toute autre
recette avec du porc. Ce sont juste quelques
pistes à suivre ou pas…
Comment la préparer : laver la
courge, la peler et enlever les
graines (les graines, lavées, séchées,
cuites 20 min à feu doux, font des amuse-gueule
délicieux)
et les fi bres qui les entourent, avec une cuiller. Elles
peuvent être cuites (en cubes de 2 à 4
cm)
à l’eau (peu recommandée :elle atténue
leur
saveur, les rend fl ottées, et perd une partie de ses
nutriments), ou à la vapeur, coupées en petits cubes (2-4
cm),
mais aussi au four (non pelées et
coupées en 2, en mettant un peu d’huile ou de
beurre
dans la cavité, puis saler et poivrer, saupoudrer de
muscade, ou de cannelle, ou du jus
d’orange,
ou de citron), à la cocotte, ou au four à
micro-ondes.
Voilà pour les courges
d’hiver – on
pourrait en dire bien
d’autres choses encore - j’espère
qu’après
cela, elles n’auront quand même (presque) plus de secret
(culinaire)
pour vous ; nous y reviendrons
ponctuellement, lorsque qu’une nouvelle variété
pointera le bout de son pédoncule dans nos
paniers…
Purée de
courge musquée
Préparation: 5 minutes;
Cuisson: 25 minutes; Portions: 4
Ingrédients
- 1 courge musquée
- 2 c.à soupe (30 ml) beurre, au goût
- 1/2 tasse (125 ml) jus de pommes, au goût
- Sel, au goût
- Poivre, au goût
- 1 pincée cannelle, moulue
- 1 pincée muscade, moulue
Méthode
Couper la courge en deux, enlever les
graines et faire bouillir dans l’eau salée de 20 à
25 minutes ou jusqu’à ce qu’elle soit tendre et se
détache bien.
Égoutter la courge et laisser
refroidir un peu avant de manipuler. Faire attention car elle sera
très chaude.
Détacher la chair de la courge
et la défaire en purée.
Ajouter le reste des
ingrédients et bien mélanger.
Réchauffer doucement avant de servir.
Soupe à la courge musquée et gingembre
Ingrédients
- 2 cuil. à thé d’huile
- 3/4 tasse d’oignon haché
- 1 cuil. à table de gingembre frais
râpé
- 6 tasses de courge musquée coupée
en dés
- 1 pomme pelée et hachée
- 5 tasses de bouillon de légumes
- 2 cuil. à thé de citron frais
- sel, poivre et persil
Méthode
Chauffer l’huile à feu
moyen dans un grand chaudron. Ajouter l’oignon et faire revenir 5
à 7 minutes, jusqu’à ce qu’il soit tendre.
Ajouter le gingembre et faire revenir encore 2 minutes. Ajouter la
courge, la pomme et le bouillon; amener à ébullition;
réduire le feu, couvrir et mijoter 25 minutes ou
jusqu’à ce que la courge soit tendre. Retirer du feu.
Réduire en purée au robot culinaire pour obtenir un
mélange onctueux. Remettre dans le chaudron, ajouter le jus de
citron, le sel et poivre, au goût. Réchauffer et servir,
garnie de persil frais haché.