La sauge
La sauge est réputée pour ses vertus médicinales
(tonique, stomachique et digestive, son étymologie est parlante
: du latin salvus : en bonne santé) depuis très
longtemps. Elle a la réputation de prolonger la vie mais il faut
se méfier de ses effets épileptisants à forte
dose. Il paraît que Louis XVI en prenait tous les jours. Elle
avait aux yeux des Anciens le pouvoir de protéger la vie. Ses
propriétés sont innombrables : cicatrisante en
décoction, antispasmodique en tisane ; elle exerce aussi une
action bénéfique sur le foie et les reins. Une infusion
après le repas influe sur les estomacs paresseux (elle a pour
vertu de faciliter la digestion des aliments gras). Elle calme aussi
nausées et diarrhées et ses propriétés
stimulantes accroissent la vitalité de l'organisme. Donc :
mangeons de la sauge !
Il existe plusieurs centaines d'espèces de sauge ; certaines
sont des herbes, d'autres des arbrisseaux. La plus commune, et celle
que nous avons dans nos paniers, est la sauge officinale (celle
utilisée en officine...).
Ses feuilles oblongues et velues (les feuilles et les tiges sont
recouvertes de poils argentés hérissés qui leur
ont valu en arabe le surnom de " langue de chameau "), gris
velouté, à la saveur pénétrante et
amère, corsée et légèrement camphrée
sont aussi de longue date un condiment réputé dont on
parfume les soupes de légumes et les viandes. A mon avis, de la
majeure partie des herbes que nous avons dans nos paniers, c'est celle
qui se marie le moins facilement (même le cresson alénois,
avec son goût moutardé, passe plus partout).
Conservation :
Vous pouvez sécher ses feuilles à l'ombre et les congeler
ou les conserver dans une boîte métallique. Elle se
conserve très bien, sans grande perte de saveur. Fraîches,
évitez leur amertume, blanchissez-les quelques minutes (2
à 3 seulement).
En cuisine :
Son arôme et son goût prononcés doivent nous inviter
à l'utiliser avec parcimonie.
Elle s'accorde parfaitement avec le basilic. Mais ne la mariez jamais
avec l'hysope, leur mélange donnerait à votre plat un
goût très désagréable. De manière
générale, son goût prononcé a tendance
à masquer les autres aromates et il est préférable
de l'utiliser seule. Et ajoutez-la en fin de cuisson (comme le poivre),
elle supporte mal l'ébullition.
Vous pouvez l'associer aux légumes secs : fèves (ben
alors...), haricots blancs, pois cassés, ainsi qu'au riz ou au
poivron. Elle parfume le veau braisé, ou u rôti de porc
(piquez-le de trois ou quatre feuilles ciselées, qui, de
surcroît, faciliteront sa digestion) les abats.
Dans les marinades, les pâtés, et farces au pain et
à la viande (les farces pour les volailles notamment : une belle
branche glissée à l'intérieur de la volaille
parfumera délicieusement sa chair), elle est indispensable.
Deux ou trois feuilles de sauge avec du beurre dans une assiette de
pâtes fraîches : c'est un régal. Dans une sauce
tomate, pour des pâtes aussi (avec un oignon, un peu d'ail, et du
basilic par exemple).
Elle agrémente parfaitement les poissons gras (une idée ;
thon en tartare, nature, piqué d'ail et de feuilles de sauge).
Et puis aussi, elle parfume vins, bières, thés et
vinaigres (pour ceux qui sont intéressés, faites-moi
signe, j'ai des recettes). En tisane : mettre une cuillère
à soupe de feuilles par tasse d'eau et laisser infuser 10
minutes.
Une autre idée de recette originale avec la sauge :
Donnez à une banale compote de pommes un délicieux
goût d'ananas : enfermez pendant 2 semaines, des reinettes dans
un sac en plastique avec une petite brassée de feuilles.
Je n'ai jusque là évoqué que les feuilles mais les
fleurs (de belles fleurs de mauve à violette qui forment des
grappes de petites clochettes aux extrémités des tiges)
ont elles aussi un usage culinaire en accompagnement des salades
qu'elles relèvent.
Recettes
Sauce à la sauge et à l'oignon
Cette recette date du 17è siècle ; elle a inspiré
les farces à la sauge et à l'oignon (en accompagnement du
porc, du canard ou de l'oie rôtis
Dans une sauteuse faire revenir doucement un oignon moyen et deux
cuillères à soupe de feuilles de sauge fraîches
finement hâchés pendant une dizaine de minutes (les
oignons ne doivent pas prendre de couleur), puis ajouter 25 g de mie de
pain et 150 ml de jus de rôti dégraissé. Laisser
cuire quelques minutes en remuant. Saler et poivrer selon goût et
servir immédiatement
Le lapin rôti à la sauge et au
cidre
Un lapin découpé, quelques feuilles de sauge et un verre
de cidre pour cuire, à l'étouffée, dans un
récipient de terre (manière tajine) 3 heures au four
à 90° C.